L'Arabie Saoudite envahit la Premier League, l'Angleterre effrayée

L'Arabie Saoudite envahit la Premier League, l'Angleterre effrayée

Jeudi, le Fonds souverain d'Arabie Saoudite a officiellement racheté le club anglais de Newcastle. Une nouvelle qui fait forcément plaisir aux supporters des Magpies, alors que l'Angleterre se pose des questions sur la provenance de cet argent qui fait du club du nord de l'Angleterre en théorie le plus riche du monde.

Durant l’été 2020, l'Arabie Saoudite avait déjà tenté de racheter Newcastle. Sauf qu’au final, le consortium d'investisseurs avait fini par jeter l’éponge face aux réticences de la ligue anglaise. « Avec une profonde reconnaissance pour la communauté de Newcastle et l'importance de son club de football, nous avons pris la décision de retirer notre intérêt à acquérir le Newcastle United Football Club. Nous le faisons avec regret, car nous étions enthousiastes et pleinement déterminés à investir dans la grande ville de Newcastle et pensons que nous aurions pu ramener le club à la hauteur de son histoire, de sa tradition et du mérite de ses fans », pouvait-on lire dans un communiqué du PIF. Mais le fonds d'investissement d'Arabie Saoudite n’a jamais abandonné ce projet de rachat, même si des rumeurs ont amené le pays du Golfe du côté de Marseille et de l’OM. Et ce jeudi, l’équipe de Mohammed Ben Salman a finalement réussi son coup.

Newcastle, le club le plus riche du monde

Au cours des dernières heures, Newcastle est effectivement passé sous pavillon saoudien. Pour arriver à ses fins, le PIF a sorti un chèque de près de 350 millions d’euros. Propriétaire du club anglais depuis 2007, Mike Ashley va donc laisser sa place à l’un des groupes les plus riches au monde. « Notre ambition s'aligne sur celle des fans : créer une équipe régulièrement performante, qui se bat pour des trophées majeurs et suscite la fierté dans le monde entier », a annoncé Amanda Staveley, la directrice générale de PCP Capital Partners, qui fait partie du consortium des futurs propriétaires. Grâce à des moyens colossaux, Newcastle va donc maintenant pouvoir concurrencer les grands clubs européens, comme le Paris Saint-Germain ou Manchester City. Dix-neuvième de Premier League durant cette trêve internationale du mois d’octobre, Newcastle disposera effectivement d’une puissance financière treize fois plus importante que celle de Manchester City. Avec 400 milliards d'euros dans les poches, Mohammed Ben Salman peut faire pâlir le propriétaire émirati Cheikh Mansour. Tout comme Paris et son Qatar Sports Investments, qui reposent sur 250 milliards d'euros.

Les supporters de Newcastle font la fête

En tout cas, cette nouvelle fait forcément plaisir aux supporters de Newcastle, qui ont paradé sur le parvis de St James' Park jeudi après-midi après l’annonce de l’arrivée de l’Arabie Saoudite à la tête de leur formation. Malgré tout, cette entrée fracassante dans le football du premier exportateur de pétrole ne plaît pas à tout le monde. Pourtant, la Premier League a bien validé la vente : « La Premier League a désormais reçu des assurances juridiquement contraignantes que le Royaume d'Arabie saoudite ne contrôlera pas Newcastle United ». Pour cela, l’Arabie Saoudite a fait des concessions, en acceptant par exemple de ne pas mettre Mohammed ben Salmane, le prince héritier, dans l'organigramme du club. Par conséquent, le rôle de président non-exécutif sera donné à Yasir Al-Rumayyan. Directeur Général du fonds souverain saoudien, l’homme de 51 ans devra essayer de faire taire les critiques.

Amnesty International attaque la Premier League

Car en Angleterre, ce rachat est bien critiqué. Tout simplement parce que l’Arabie Saoudite est l’un des pays les plus décriés pour le non-respect des Droits de l'Homme. C’est donc pour cette raison qu’Amnesty International UK a dénoncé cette nouvelle. « Sous Mohammed ben Salmane, la situation des droits humains en Arabie saoudite reste désastreuse - les critiques du gouvernement, les militants des droits des femmes, les militants chiites et les défenseurs humains étant toujours harcelés et emprisonnés, souvent à l'issue de procès manifestement inéquitables. Au lieu de permettre à des personnes impliquées dans de graves violations des droits humains d'entrer dans le football anglais simplement parce qu'elles ont les poches pleines, la Premier League devrait penser à changer ses critères de sélection des propriétaires et directeurs. Depuis la première fois que cet accord a été évoqué, nous avons dit qu'il représentait une tentative évidente des autorités saoudiennes de faire oublier leur épouvantable bilan en matière de droits humains par le glamour du football de haut niveau », a balancé le directeur général Sacha Deshmukh, pour qui l’arrivée des Saoudiens à Newcastle n’est pas une bonne nouvelle.

Et il n’est pas le seul à le penser. De nombreux journalistes sont sortis de leur neutralité sur les réseaux sociaux, pour expliquer qu'il fallait s'opposer de toutes les forces possibles à ce rachat, sous peine de voir l'Arabie Saoudite faire sa propagande en agitant des billets dans tous les sens, pour mieux faire oublier ce qu'il se passe dans son Royaume. En attendant, Newcastle et ses propriétaires ont fait savoir qu'ils se donnaient cinq ans pour gagner la Premier League.