TV ‍: Amazon Prime Video, les pertes sont XXL

TV : Amazon Prime Video, les pertes sont XXL

Alors que le Classique de la Ligue 1 entre l’Olympique de Marseille et le Paris Saint-Germain approche à grands pas, Amazon veut profiter de cette grande occasion pour booster les audiences de son « Pass L1 » sur sa plateforme Prime Vidéo.

Chaque saison, le choc entre l’OM et le PSG est un peu le baromètre pour mesurer l'attrait des fans de football pour le championnat de France. Il y a un peu plus d’un an, lors de la victoire de Marseille au Parc des Princes (0-1), l’audience du Classique avait d’ailleurs touché le fond, puisque Téléfoot, la chaîne de Mediapro, ne disposait que de 400 000 abonnés. Un chiffre bien maigre, alors que le Classique a déjà rassemblé plus de 2,5 millions de téléspectateurs, comme cela avait été le cas en 2017 sur Canal+. Ce dimanche, les chiffres d’Amazon vont se situer entre ces deux marques, sachant que OM-PSG sera diffusé en exclusivité sur Prime Vidéo. En rachetant les anciens lots de Mediapro, soit 80 % des matchs de la L1, Amazon s’est effectivement offert le droit de diffuser les meilleures affiches du championnat. Mais est-ce que la L1 est bien mise en avant avec Amazon ? Difficile à dire, sachant que le géant de l’e-commerce n’a toujours pas communiqué le moindre chiffre depuis le début de la saison de L1.

1,4 million d'abonnés pour Amazon Prime Vidéo Ligue 1

Si le flou règne donc encore autour d’Amazon, le nouveau Baromètre OTT de NPA Conseil et Harris Interactive a en tout cas décidé de se mouiller en annonçant un premier chiffre. Selon cette étude, « 5 % des foyers français seraient aujourd'hui clients du service Prime Video Ligue 1 ». Ce qui représente environ 1,4 million d'abonnés. Sur ceux-là, « 360 000 foyers sont des nouveaux clients et déboursent donc entre 17 et 19 euros par mois ». Ce qui signifie donc que les trois quarts restants étaient déjà des membres d’Amazon Prime, qui permet une livraison gratuite plus un accès à du streaming vidéo et musical. Un service souscrit par 10 millions de clients. Autant dire qu’Amazon a encore une belle marge de progression par rapport à son Pass L1. 

En tout cas, si Prime Vidéo Ligue 1 a bien plus d’un million d’abonnés, cela montre quand même que le championnat de France a encore son public, comme l’explique Philippe Bailly. « La Ligue 1 est moins visible cette année, mais nous n'observons pas de désintérêt pour la compétition. C'est particulièrement vrai pour les abonnés Canal+, qui restent très mobilisés par la Ligue 1 », a lancé le président de NPA Conseil sur Le Figaro. Pour faire grimper son auditoire, Amazon compte sur le Classique de ce week-end. Mais si OM-PSG est un « match événementiel par excellence, capable de déclencher un abonnement », Free a un peu contrecarré les plans de son rival médiatique. En proposant tous les meilleurs moments de cette rencontre en quasi-direct, de manière gratuite sur son application Free Ligue 1, le détenteur des droits numériques de la L1 a effectivement plombé la politique d’Amazon, sachant que Free a déjà enregistré plus de 50 000 téléchargements cette semaine.

« Les pertes d'Amazon seront comprises entre 75 et 100 millions d'euros »

Quoi qu’il en soit, Amazon aura de toute façon bien du mal à rentabiliser la diffusion de la L1. Si Mediapro avait besoin de 3,5 millions d’abonnés à 25 euros par mois, Prime Vidéo en espère au moins 2 millions pour ne pas être dans le rouge. Mais Philippe Bailly n’y croit pas trop : « Le championnat a repris depuis près de trois mois et je ne vois pas ce qui ferait accélérer vertigineusement les recrutements ». Avec les données actuelles, le chiffre d'affaires d’Amazon Prime Vidéo pour la L1 pourrait grimper à 200 millions d'euros hors taxe cette année. « Cela laisse peu d'espoir à Amazon de rentabiliser le produit Ligue 1. Compte tenu des 250 millions d'euros payés pour l'acquisition des droits, et des coûts supplémentaires de production, évalués à 25 millions d'euros, les pertes d'Amazon seront comprises entre 75 et 100 millions d'euros. Cela pose la question de la réelle valeur de la Ligue 1 », explique le président de NPA Conseil, qui sait qu’aucun diffuseur n'arrivera à rentabiliser la L1 à cause du streaming. Vu qu’un gros tiers des téléspectateurs de la L1, soit deux millions de foyers français, ne passent ni par Amazon ni par Canal pour regarder les matchs, le piratage est donc le premier gagnant de la situation.