L’Espagne, championne du monde dans la douleur

L’Espagne, championne du monde dans la douleur

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Dans un match rendu presque injouable par l’agressivité néerlandaise et le laxisme de l’arbitre, l’Espagne a du attendre d’être en supériorité numérique pour s’imposer logiquement en prolongation à trois minutes des tirs au but (1-0). Le premier titre mondial de l’Espagne est amplement mérité.

Entre la qualité technique espagnole et la rigueur et le réalisme néerlandais, l’opposition de style a bien eu lieu ce dimanche au Soccer City de Johannesburg. Mais l’impact physique tant promis par les Bataves n’a tout d’abord pas eu lieu en raison de la rapide maitrise collective des hommes de Del Bosque. Cela débouchait sur une première occasion rapide de Sergio Ramos, qui voyait sa tête sur coup-franc être repoussée par Stekelenburg (5e). Après cette chaude alerte, les champions d’Europe conservaient le monopole du ballon, mais les Néerlandais avaient incontestablement le monopole des fautes grossières. Van Bommel (tacle par derrière sur Iniesta) et De Jong (coup de pied sur le torse de Xabi Alonso) échappaient de manière incroyable au rouge direct, finale de Coupe du monde et arbitre anglais oblige. Puyol, qui se payait Robben par vengeance, n’était pas en reste dans un match qui brillait plus par son intensité que par son jeu ouvert. Seul un Robben très en jambes mettait dès qu’il le pouvait le feu sur son côté droit, sollicitant même Casillas d’une frappe à ras de terre précise juste avant la pause (44e).

Après la pause, le rythme augmentait sensiblement, ce qui donnait quelques espaces et surtout quelques occasions, mais très nettes. Sur une ouverture de Sneijder, Robben se retrouvait complètement seul devant Casillas, mais le gardien du Real Madrid sortait du pied le tir de l’attaquant du Bayern Munich qui se dirigeait dans son but (62e). L’Espagne poursuivait cependant sa domination, et Jesus Navas, bien plus percutant que Pedro qu’il avait remplacé, centrait au second poteau pour Villa, qui profitait d’un raté d’Heitinga pour se retrouver devant la ligne de but. Mais le futur barcelonais se voyait contrer par le défenseur néerlandais au moment de conclure (77e). Quelques minutes plus tard, la balle de match était à nouveau dans les pieds de Robben qui partait encore seul au but. Accroché, l’ailier résistait à Puyol, mais butait encore sur Casillas (83e), véritable héros sur cette deuxième période et qui permettait à son équipe, totalement dominatrice par ailleurs, d’accrocher la prolongation.

Dans la période supplémentaire, les Néerlandais tentaient comme ils pouvaient de repousser l’invasion espagnole, symbolisée par les percussions et le jeu court de Fabregas, entré en jeu peu avant. Au fur et à mesure que les tirs au but approchaient, les Pays-Bas affichaient leurs limites, et Heitinga était logiquement expulsé pour un deuxième avertissement, après avoir empêché Iniesta de se présenter en situation très dangereuse (113e). Mais, à seulement quelques instants de la fin du match, un décalage à droite aboutissait par une passe en or sur Iniesta, qui ne tergiversait pas et marquait d’une reprise de volée croisée le but du titre (1-0, 117e). Les Néerlandais avaient beau demander un hors-jeu inexistant, ils ne parvenaient pas à empêcher le sacre ô combien logique, surtout après le pauvre spectacle proposé dans le jeu par les Bataves. Pour l’Espagne, deux ans après son sacre européen, c’est incontestablement le triomphe d’un football qui lui est propre, et qui en fait son exceptionnelle qualité.