Un seul abonnement ne suffit plus pour suivre la Ligue 1, les championnats étrangers ou la Ligue des champions, et ce depuis que beIN Sports est entré dans la danse pour nuire au monopole de Canal+ à partir de l’été 2012. Les deux chaînes payantes sont devenues les meilleurs ennemis dans le monde de la télévision, comme le révèle l’enquête de L’Equipe Magazine dans laquelle on apprend le contexte de l’appel d’offres pour la diffusion des matchs de C1. Un épisode primordial pour beIN Sports, fortement lié au PSG dont les rencontres européennes ont souvent été diffusées par Canal+. C’est pourquoi la chaîne qatarie a répliqué en s’assurant au moins la moitié des matchs du PSG en C1 pour la période 2015-2018 : « Canal a voulu jouer au plus malin en surdiffusant le club des Qataris en Ligue 1 et en Coupe d’Europe. Cela a appelé une réplique », a confié un conseiller de beIN Sports.
Et ce n’est qu’une réponse parmi tant d’autres de la part de beIN Sports, qui utilise des plateaux situés juste à côté de ceux de la chaîne cryptée française à Boulogne-Billancourt pour son émission du dimanche soir. Locaux dans lesquels les habitudes des journalistes de Canal+ ont volontairement été bousculées : « Ce n’était pas chez nous mais on avait nos trucs, comme aller fumer une clope dehors », a raconté un journaliste de Canal+, qui n’a désormais plus le droit de passer par son habituelle sortie de secours, interdite aux membres de la chaîne cryptée et barrée par des agents de sécurité. Il faut tout de même rappeler que les deux camps se connaissent très bien puisque l’ancien directeur des sports de Canal+, Charles Biétry (à droite sur la photo), est passé vice-président en charge des programmes chez l’ennemi, au lancement de BeInSports, avant de finalement devenir conseiller de Nasser Al-Khelaifi. D’où le recrutement effectué chez Canal+ avec Christophe Josse, Darren Tulett ou bien Omar Da Fonseca pour ne citer qu'eux.
« En pleine saison, c’était infernal. Tous les jours, des salariés venaient nous voir avec des propositions de beIN Sports. C’était de la déstabilisation et du pillage. On a dû agir », a expliqué un des responsables du pôle sport. Canal+ avait donc porté plainte et obtenu une perquisition dans les bureaux de beIN Sports afin de justifier un « débauchage abusif », en vain. L’intervention a au moins arrêté la fuite des journalistes de Canal+, mais pas la guerre entre les deux chaînes qui continuent de s’affronter sur les droits télés d’autres sports.