L’arbitre à cinq ‍? Le grand bluff

L’arbitre à cinq ? Le grand bluff

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Expérimenté en Europa League la saison dernière, l’arbitre à cinq cher à Michel Platini n’avait déjà pas servi à grand-chose. Plus proche de nous, il a fait son apparition en Coupe de la Ligue pour toujours aussi peu de problèmes d’arbitrage résolus, et encore moins d’excuse pour les hommes en noir.

Farouchement opposé à l’utilisation de la vidéo pour assister les arbitres, Michel Platini a trouvé depuis longtemps son nouveau cheval de bataille avec l’arbitrage à cinq. L’apparition de deux arbitres de surface supplémentaire pour aider les juges assistants et l’arbitre central à prendre la bonne décision part d’un bon sentiment, mais demeure une mauvaise idée. Tout d’abord, sans sifflet ni drapeau, ces deux arbitres font plutôt office de décoration que de véritable acteur possiblement prépondérant sur les décisions. Surtout, à observer leur comportement de près, on se rend compte, qu’à l’image des anciens « juges de touche » devenus « juges assistants » depuis, ils peinent à prendre une décision ou influencer l’arbitre central pour faire entendre leur point de vue. La peur de mal faire et de nuire à cette nouveauté, ou le jugement faussé par une situation géographique inhabituelle ? Un peu des deux peut-être.

Surtout que c’est à se demander si les instances ont véritablement réfléchi à cette nouveauté. Les arbitres de surface sont généralement placés derrière la ligne de but, et doivent donc choisir un côté pour rester près de l’action, au risque d’être presque aussi mal placé que l’arbitre central si une faute litigieuse se passe de l’autre côté de la surface. Niveau efficacité du placement géographique, on a vu mieux. Reste que c’est la seule alternative proposée de manière concrète à la vidéo, à laquelle sont si farouchement opposés le président de l’UEFA et les arbitres en général. « Pour moi l’arbitrage à cinq est une très, très bonne solution. Je ne l’ai pratiqué qu’à trois reprises cette saison en Ligue des champions, mais je l’ai trouvé plutôt confortable. C’est ce qui me correspond le plus car je veux conserver un arbitrage humain. Je suis et reste farouchement opposé à l’arbitrage vidéo… », a expliqué Stéphane Lannoy, qui sait qu’à l’heure où l’arbitrage est décrié car décortiqué à la vidéo, l’annonce de la mise en place de l’arbitrage à cinq a surtout permis de faire un effet de style pour montrer que les instances ne restaient pas inactives sur ce « problème ». Et Michel Platini d’enfoncer le clou sur l’arbitrage vidéo, son ennemi juré pour lequel il serait prêt à quitter le monde du football.

« L’arrivée des caméras a montré que l’arbitrage n’était pas bon, mais ce n’est pas les caméras qui doivent arbitrer. La multiplication des arbitres, ce sont des yeux supplémentaires sur le terrain. Je ne lâche pas. Si on fait la technologie, ce n’est plus notre football, c’est PlayStation. Le jour où il y aura l’arbitrage vidéo, je dirai “au revoir” », a prévenu le président de l’UEFA, qui oublie pourtant, comme souvent lorsque l’on parle de l’arbitrage, l’essentiel. Quand les nouvelles règles cesseront de concerner la couleur des bandes d’élastoplate ou le respect de la délimitation du rectangle d’action de l’entraineur, et qu’il sera rappelé aux arbitres qu’il serait plus utile d’appliquer strictement le règlement en ce qui concerne la protection des joueurs et les sanctions contre le jeu dur, le spectacle s’en ressentira sérieusement. Etant donné que, même avec la vidéo, les polémiques sur l’arbitrage ne cesseront jamais, cela sera déjà ça de pris pour les amoureux du jeu.