Comité de visionnage ‍: le grand bluff

Comité de visionnage : le grand bluff

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Les suspensions de Sow et Diawara risquent de faire couler beaucoup d’encre. Pour des raisons différentes, les deux clubs vont faire appel.

Pour deux cas bien distincts, la commission de discipline de la LFP a accordé la même sanction jeudi soir : deux matchs de suspension ferme. Mais ce sont pour des raisons bien différentes que Rennes et Bordeaux se sont élevés contre le comité de visionnage nouvellement créé.

Premier cas, celui de Moussa Sow, averti simplement pour une faute dangereuse sur Cabaye, mais suspendu deux matchs après les images vidéo. Une sanction que Guy Lacombe juge sévère. « Il y a de grandes chances pour que nous fassions appel. Moussa ne l’a pas fait exprès. C’est un acte involontaire. J’attends de recevoir les attendus de la décision pour aller plus loin dans mes commentaires. Mais je ne retire rien à ce que j’ai dit jusqu’ici », explique l’entraîneur rennais. Car si la faute est bien réelle, celle-ci a été sanctionnée par l’arbitre de la rencontre. Difficile de croire que chaque décision arbitrale pourra désormais être amplifiée (ou réduite bien sûr) dans le dos de l’homme en noir à chaque erreur ou mauvais jugement. Le risque à terme est d’en arriver au même point qu’au rugby, où après chaque match de Coupe d’Europe, plusieurs joueurs sont désormais convoqués en discipline après avoir été « cités » par leurs adversaires. Cela commence déjà à arriver en Ligue 1, puisque, ces dernières semaines, José Anigo ou Elie Baup ont déjà demandé par voix de presse à ce que des adversaires passent en comité de visionnage. De plus, le comité de visionnage n’est pas autorisé dans ses statuts à se prononcer sur une action déjà sanctionnée par l’arbitre, et s’est vu rappeler à l’ordre à ce sujet dernièrement (« A partir du moment où l'arbitre en parle dans son rapport, il devient difficile d'intervenir », a déjà rappelé Rémy Harel, secrétaire du comité). Cela n’a apparemment rien changé. « On va tout droit vers une dérive », prévient Guy Lacombe, qui estime que cela pourrait déboucher par des appels devant la justice ou le TAS, surtout que ce comité arrive en cours de saison.

C’est cette nouveauté en plein milieu de saison qui dérange le président bordelais, plus que la sanction en elle-même contre son joueur, Souleymane Diawara. « Je ne suis pas contre cette commission, qui doit exister, avec tous ses membres, et être effective pour tous les matches. Mais je trouve inadmissible qu’elle soit mise en place en cours de saison, après six mois de Championnat et qu’elle prenne des décisions qui peuvent avoir une influence pour la suite. Et les faits qui se sont passés avant le 1er janvier, alors ? Nous allons donc faire appel et nous n’en resterons pas là s’il le faut. Nous allons consulter nos avocats pour éventuellement, par un référé devant les tribunaux ou autre, ne pas nous contenter des appels et recours prévus par les règlements du football », a déjà prévenu Jean-Louis Triaud, qui sait bien que sa démarche a de grandes chances d’aboutir et de mettre – provisoirement tout du moins – un terme à ce comité.