A quoi a servi France – Espagne ‍?

A quoi a servi France – Espagne ?

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Affronter l’Espagne à ce moment de l’année, dans un contexte difficile et pour le dernier match avant la liste, n’a pas aidé la cause des Bleus. C’était même du suicide.

Jouer l’Espagne, championne d’Europe en titre en grande forme individuellement et collectivement, pour le dernier match de l’équipe de France avant la liste de Raymond Domenech n’était pas une riche idée, il faut bien le reconnaitre. Même si ce match amical a été conclu il y a quelques mois de cela, comment la fédération a pu se décider à affronter un adversaire de ce calibre à trois mois de la Coupe de monde, alors que l’équipe de France peine à répondre présent dans les rendez-vous contre des équipes simplement organisées comme l’Irlande, la Serbie ou la Roumanie ? De plus, quel intérêt de jouer l’Espagne, qui aime taquiner le cuir et faire courir son adversaire, lorsque l’on fait évoluer des joueurs qui ont déjà leur place assurée pour le Mondial (ce qui est le cas de presque tous les titulaires de mercredi soir), qui ont encore de nombreux objectifs avec leurs clubs d’ici à la fin de l’année, qui n’ont plus grand-chose à prouver en Bleu lors d’un match amical, et le tout dans un système loin d’être révolutionnaire pour Domenech ?

 

Affronter un adversaire d’un moindre calibre, faire jouer des joueurs qui ont été rarement appelés comme Ciani, Rami, Cissokho, Sissoko, Cissé, Ben Arfa ou Cheyrou aurait permis d’éventuellement constater l’envergure internationale ou non de ces joueurs. Mais non, la plupart d’entre eux ont vu leur dernier match possible avec les Bleus avant la liste du banc de touche, alors qu’il a suffit de constater l’envie d’un Cissé à son entrée en jeu, sans compter l’accueil du public plus fervent pour des joueurs en forme et synonyme de renouveau, pour constater qu’un match amical doit aussi permettre aux nouveaux de débuter sans la pression maximale. Car imaginons que Cheyou ou Rami terminent la saison sur les chapeaux de roue et gagnent leur place pour l’Afrique du Sud. Ils pourraient être sélectionnés pour un Mondial sans la moindre minute internationale derrière eux. C’est déjà arrivé et cela n’a tué personne, mais avoir un aperçu de l’éventuelle envergure internationale d’un joueur, surtout quand celui-ci a été convoqué par le sélectionneur pour cette rencontre, ne fait jamais de mal.

 

Au lieu de cela, face à un adversaire prestigieux, Raymond Domenech s’en senti obligé de présenter une équipe classique avec des « noms » même si Anelka n’était visiblement pas motivé, qu’Henry était à court de forme, et ainsi de suite, histoire de ne pas se faire descendre encore plus si des « Bizuths » avaient pris 0-4 face à l’Espagne au Stade de France.

 

Alors, à l’heure où les « Domenech démission » descendent des tribunes, la fédération, celle-là même qui a maintenu le sélectionneur en place après un Euro 2008 qui mettait un terme plutôt morbide à un cycle de quatre ans, doit aussi prendre ses responsabilités. Pour l’heure, les Bleus n’ont pas les moyens de viser au même niveau que l’Espagne, l’Angleterre ou le Brésil, et il faudra désormais une préparation impeccable sur le plan physique, se refaire un moral sur les matchs amicaux face au Costa Rica, la Chine et la Tunisie, et mettre enfin les joueurs à leur meilleure place pour tenter de faire quelques chose en Afrique du Sud. En attendant, on peut continuer à regarder l’Espagne jouer.